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Août 2021:
27 août 2021
Deux photographies de l’épave du navire Cam Owen de la Compagnie de la Baie d’Hudson, prises en 1889 par James McDougall, inspecteur de poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson – Soumises par Jean-Luc Pilon, ancien conservateur, Archéologie centrale, Musée canadien de l’histoire
« Au début des années 1980, j’ai effectué une recherche archéologique le long de la rivière Severn dans l’extrême nord-ouest de l’Ontario. J’avais alors entendu parler des épaves se trouvant au nord‑ouest du Fort Severn, en direction de la frontière du Manitoba. Je m’intéressais à l’histoire autochtone ancienne de la région et je n’avais jamais visité ces épaves. En 2017, j’ai eu la possibilité de retourner à Fort Severn. Cette fois‑là, l’omniprésence des véhicules tout‑terrain nous a permis de nous rendre sur les lieux d’une demi‑douzaine d’épaves le long de la côte. Trois de ces épaves semblaient appartenir au même navire à voile à coque de bois. Ces trois sites étaient disséminés le long d’un segment de deux kilomètres de la même plage surélevée, qui se trouve aujourd’hui à plus d’un kilomètre du rivage de la baie d’Hudson. D’après les observations préliminaires, ces épaves dataient de la deuxième moitié du XIXe siècle.
« En 2014, Anthony Dalton a publié un ouvrage sur les épaves de la Compagnie de la Baie d’Hudson intitulé The Fur-Trade Fleet: Shipwrecks of the Hudson’s Bay Company. Son ouvrage m’a aidé à circonscrire mes recherches sur l’identité du navire, qui ont conduit à établir qu’il s’agissait le plus vraisemblablement du Cam Owen. Ce brigantin à deux mâts était l’un des rares navires de la flotte de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui a été construit au Canada, plus précisément à l’Île‑du‑Prince‑Édouard en 1883. Trois ans plus tard, le navire a fait naufrage durant une violente tempête près du cap Churchill, au Manitoba. Selon les recherches de Dalton, "la glace l’a emporté pour un ensevelissement privé en mer". C’était, semble‑t‑il, ce qui s’était passé. Une recherche dans les Archives en ligne de la Compagnie de la Baie d’Hudson a conduit à une découverte incroyable : deux photographies (ACBH 1987/13/043 et ACBH 1987/13/044) montrant ce que l’on a établi être l’épave du Cam Owen, qui ont été prises par James McDougal en 1889 alors qu’il se rendait de York Factory à Fort Severn. Les cadènes en fer plié (auxquelles les mâts sont attachés) que l’on voit clairement sur les photographies de McDougall sont identiques à celles des épaves que j’ai visitées. Plus important encore, McDougall a indiqué que l’épave se trouvait près de "Sandy Head, baie d’Hudson".
« À l’automne 2017, j’ai passé un après-midi avec le regretté John Macfie, un ancien employé du ministère des Terres et des Forêts de l’Ontario, qui a photographié deux des coques du navire en 1955 alors qu’il baguait des oiseaux aquatiques migrateurs. À un moment donné, il m’a montré la photo d’une petite colline qu’il a dit s’appeler Oosteguanako oy Oostegwan-aski, qui veut dire "Sand Head". D’après Macfie, ce nom évoquait la forme de la dune. Cette élévation du terrain, si rare dans les basses terres très très plates adjacentes à la baie d’Hudson, se trouvait à quelques kilomètres seulement au nord‑ouest des épaves du navire. De plus, le nom de l’endroit semble être étroitement lié à ce que McDougall a noté dans l’entrée de son catalogue de photographies de 1889. Chris Koostachin de Fort Severn, qui m’a emmené voir les épaves en 2017, m’a informé qu’une colline près d’East Pen Island s’appelle Ooshdikwanahkahk, qui veut dire "plage avec des crânes" et qui atteste, croit‑on de la bataille qui a eu lieu près d’East Pen Island.
« Si McDougall n’avait pas pris ces deux photographies et s’il n’avait pas noté le nom du lieu, on n’aurait jamais déterminé avec certitude l’identité du navire. Bien que le vaisseau n’ait pas servi très longtemps, il fait néanmoins partie de l’histoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson, de la traite des fourrures et de la construction navale canadienne. Situé comme il l’est loin des rives de la baie d’Hudson, il est aussi un témoin du paysage dynamique et changeant des basses terres de la baie d’Hudson qui continuent, à ce jour, à se remettre du poids incroyable des glaciers de la dernière période glaciaire qui s’est terminée il y a plus de 10 000 ans, mais dont les effets se font encore sentir dans ces terres éloignées. »
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